5 CONSEILS POUR BIEN CHOISIR SON MUSHAF

Tu as pris la ferme décision d’apprendre le Coran et je t’en félicite. Avant de rechercher des cours, tu vas sûrement t’empresser d’acquérir un Coran dit “Mushaf”.
Que tu envisages d’utiliser l’exemplaire de ta famille ou bien de prendre un tout neuf en maktaba (librairie musulmane), je te conseille de bien lire les lignes qui suivent afin de faire le bon choix.
Il faut dire que pour se procurer un Coran en ligne ou en boutique physique, il y a énormément de choix.
Petit, moyen, grand, tout en arabe, avec du français, en phonétique, avec tajwid… de quoi perdre le fil lorsque l’on débute.
Avant de tout t’expliquer, il est important que tu comprennes ce qu’est le “mushaf”.
Mais qu’est-ce qu’un mushaf ?
Cheikh Abou Al-Hassan ‘Ali Al-Ramly a dit :
Al Azhari a dit : » On a nommé « le mushaf » ainsi car il regroupe, entre les deux extrémités (du Livre d’Allâh) l’ensemble des feuillets qui ont été décrétés. «
Et quant au Coran, Abou ‘Oubaydah a dit : « On le nomme « le Coran » car il regroupe et rattache l’ensemble des versets (entre eux) ». Et Allâh est plus Savant.
(Traduction Abou Haroun AbdoulMalik, copié de alqayim.net)
Ainsi, quand nous écrirons mushaf, Coran, ou Qur’an, cela vise la même chose : le noble Livre, la parole d’Allâh non créée, consignée de sourate Al-Fâtihah jusqu’à sourate An-Nâs.
Qu’en est-il des Corans avec la traduction des sens à côté ou autour ?
Pour qu’un exemplaire soit considéré comme un mushaf (avec tout ce que cela implique), il doit être écrit en langue arabe avec les lettres arabes. Nous développerons le sujet de la langue dans le point suivant.
En quoi le choix du mushaf est crucial ?
Il est connu auprès des spécialistes de l’apprentissage du Coran qu’il est important de garder le même exemplaire tout le long du parcours de mémorisation, et même de la vie entière.
Pourquoi est-ce si important ?
{ وَٱللَّهُ أَخۡرَجَكُم مِّنۢ بُطُونِ أُمَّهَـٰتِكُمۡ لَا تَعۡلَمُونَ شَیۡـࣰٔا وَجَعَلَ لَكُمُ ٱلسَّمۡعَ وَٱلۡأَبۡصَـٰرَ وَٱلۡأَفۡـِٔدَةَ لَعَلَّكُمۡ تَشۡكُرُونَ }
Dans sourate an-Nahl (verset 78), Allah a cité l’ouïe, la vue et le cœur comme clés pour toute science.
Ainsi, il est bon d’utiliser ces sens et ne pas se limiter à un ou deux uniquement car l’apprentissage en sera moins complet et optimal, et donc moins solide.
Exemple : une personne ayant mémorisé le Coran à l’écoute uniquement pourrait être en difficulté au moment de continuer le verset cité par l’enseignant avec un air différent. Ou, pour se situer dans la sourate ou sur la page. Ou pour se rappeler la terminaison des versets en liaison ou à l’arrêt.
Autre exemple, une personne ayant mémorisé en regardant uniquement, sans l’écoute, rencontrera des difficultés pour articuler correctement les versets et appliquer les règles de tajwid.
Cette personne peut avoir des difficultés à réciter à voix haute puisqu’aucune mélodie ne sera ancrée.
Enfin, une personne ayant appris simplement avec la compréhension du verset sans réellement travailler l’ouïe et la vue sera en proie à beaucoup de fautes car elle pourra redire le sens mais qu’avec d’autres mots ou synonymes.
Avec tout cela, on comprend l’importance de l’ouïe, de la vue et de la compréhension dans le processus d’apprentissage.
Quand on prépare ou qu’on mémorise sa page, il est donc bon de garder le même récitateur ou le même air si on récite soi-même afin qu’il s’ancre plus facilement.
De même, il faudra toujours lire avec ses yeux du même exemplaire car quand on change de copie, les détails changent également : écriture, style, couleur des pages, retours à la ligne et cela perturbe grandement la qualité de mémorisation.
Petite anecdote personnelle : j’ai dû me procurer un deuxième mushaf (le premier m’avait été offert). C’était le même modèle et la même édition que le premier.
Pour autant, j’ai remarqué par la suite que les pages étaient légèrement plus colorées que dans mon premier exemplaire et cela m’a fortement pertubé.
Je n’ai pas tenu longtemps avec et je l’ai revendu. Ce n’est pourtant qu’un détail mais la mémoire visuelle n’est vraiment pas à sous-estimer.
Ainsi, il vaut mieux correctement choisir son exemplaire dès le début de son parcours et savoir que nous allons en prendre soin et le garder إن شاء الله
D’ailleurs, si tu souhaites découvrir 4 moyens de protéger le plus longtemps possible ton exemplaire de Qur’an, n’hésitez pas à consulter l’article dédié en cliquant ici.
Nous finissons par le troisième aspect de la mémorisation : le cœur.
Il est absolument nécessaire de comprendre et méditer ce que l’on souhaite mémoriser, de ne pas en faire de simples lettres sans signification et sans impact sur le cœur.
Maintenant, que tu en sais davantage, passons aux différents critères à prendre en compte dans le choix de ton mushaf.
1. La langue
Il est bon de rappeler que ce Coran est une révélation émanant du Seigneur de l’univers. En effet, Allah dit dans Son Livre (traduction du sens) :
{ إِنَّاۤ أَنزَلۡنَـٰهُ قُرۡءَ ٰ نًا عَرَبِیࣰّا لَّعَلَّكُمۡ تَعۡقِلُونَ }
“ Nous avons révélé ce Coran en langue arabe, afin que vous (le) compreniez. “
Dans le commerce, nous pouvons trouver 3 types d’exemplaires :
- un contenant l’arabe uniquement ;
- un ne comportant que la traduction des sens dans une langue autre que l’arabe (français, anglais…) ;
- un proposant des parties en phonétique.
Certains modèles regroupent même les trois.
Cependant, pour toute personne souhaitant lire ou apprendre le Qur’an, nous conseillons fortement un exemplaire tout en arabe.
Tu risques peut-être de me dire : “mais si je ne sais pas lire l’arabe, est-ce que je peux utiliser la phonétique ? “
C’est un point important, nous allons donc le développer.
Le statut de la phonétique
Sache qu’il est interdit d’écrire le Coran avec des lettres latines, en d’autres termes, en phonétique.
Voir avis juridique de l’Assemblée des Grands Savants numéro 67 datant du 21/10/1399H.
Mais la phonétique pose également un souci au niveau de la prononciation : qui saura faire correctement la différence entre un هاء et un حاء quand les deux s’écrivent avec H ?
Sans parler de l’utilisation de la cheddah (lettres dédoublées) et de la liaison entre certains mots ou de l’arrêt après certains autres.
Puisque les lettres arabes ne se prononcent pas comme les lettres occidentales (quand bien même elles se ressembleraient à l’image du زاي et du Z), il y a souvent un code au début de chaque livre, souvent différent d’une édition à une autre…
Alors pourquoi ne pas apprendre directement l’alphabet arabe (le bon code) et se baser dessus pour lire et apprendre le Coran ?
Pour tous ceux ne sachant pas lire encore, voici 2 playlists Youtube pour apprendre à lire l’arabe.


Ce n’est pas très difficile ni long d’apprendre l’alphabet contrairement à ce que l’on pourrait croire !
Donc tu l’auras compris, la phonétique est à bannir et nous n’encourageons pas à se procurer un Qur’an en contenant.
Et je te vois déjà venir me dire : oui je sais lire, mais je ne comprends pas ce que je lis ? Attends, laisse-moi t’expliquer…
L’utilisation d’une traduction pour comprendre des sens du Qur’an
Un exemplaire contenant davantage de français que de versets n’est pas considéré comme un mushaf.
Il sera donc à avoir à côté d’un vrai mushaf pour les non arabophones, mais il ne pourra jamais le remplacer.
Lire, apprendre ou réviser à partir d’un exemplaire contenant de l’exégèse (traduction de sens ou exégèse plus développées) risque de perturber grandement la qualité de la mémorisation comme nous l’avons expliqué plus haut.
Ceci en raison de l’agencement des pages, surtout pour les exemplaires ayant une page d’un côté en arabe et l’autre en français.
Aucun enseignant qualifié ne laissera son étudiant apprendre à partir de cela.
Le choix de la traduction des sens doit être fait avec sérieux, car le lecteur dépend totalement de la compréhension du traducteur.
On comprend alors la nécessité de choisir des traducteurs compétents linguistiquement et religieusement.
La traduction mot à mot étant impossible, le traducteur aura la responsabilité d’interpréter l’explication initiale en arabe et de maîtriser religieusement le sujet qu’il traduit.
Nous recommandons comme valeur sûre en matière de traduction en langue française le Coran et la traduction de ses sens chez les éditions Tawbah.
Tu peux le trouver dans n’importe quelle maktaba.
Il se trouve que nous avons un exemplaire en très bon état également. Tu peux le retrouver sur notre compte Vinted.
Mais tu peux également le trouver sur Amazon.
En résumé, nous te conseillons de privilégier un mushaf tout en arabe et de te procurer une exégèse fiable en parallèle.
Sache que la langue n’est pas le seul critère de choix du mushaf, penchons-nous désormais sur l’écriture de celui-ci.

2. La version du Qur’an (riwâyah)
Plusieurs manières de réciter le Coran existent et celles-ci remontent toutes jusqu’au Prophète ﷺ.
Ces versions sont appelées “riwâyates” et sont plus ou moins répandues selon les pays ou régions.
Par exemple, en Arabie, on apprend généralement selon Hafs d’après ‘Asim. C’est la version que l’on apprend majoritairement dans un institut en France d’ailleurs.
Au Maghreb, notamment au Maroc et en Algérie, la riwâyah répandue est Warch d’après Nâfi3.
En Tunisie, c’est la riwâyah Qaloun d’après Nâfi3 qui est majoritairement apprise. Et il en existe encore bien d’autres.
Du coup, il peut arriver à tout débutant de ne pas connaître ces différences et de se procurer un mushaf d’une autre riwâyah et ainsi commettre des erreurs d’apprentissage graves car il n’est pas permis de mélanger plusieurs lectures révélées.
Voici en image une même sourate du Coran (Sourate al-Inchiqaq) dans les lectures Hafs et Warch. Au-delà de certaines différences au niveau du tajwîd, on te laisse remarquer la différence du mot encadré :


Attention donc quand on t’offre un mushaf ou lorsque tu souhaites utiliser un exemplaire de la maison qui provient de l’étranger.
Attention également lorsque tu te rends en maktaba car on trouve davantage de choix au niveau des riwâyates à présent.
Si tu ne sais pas quel riwâyah apprendre, demande conseil auprès de ton professeur.
Prends en compte le pays où tu vis ou dans lequel tu envisages de t’installer afin de pouvoir être suivi au mieux.
Maintenant que tu as fait le choix de la riwâyah, voyons ensemble l’écriture du mushaf.
3. L’écriture et la police (appelé “khatt” en arabe)
Il existe de nombreux exemplaires du Qur’an : l’écriture, le nombre de lignes par pages ainsi que le style peuvent varier fortement.
Or, il faut savoir que la majorité des professeurs (mais pas que) utilisent une version de Médine dans leurs cours (tajwîd, correction…).
On peut trouver deux versions officielles de Médine avec une légère différence d’écriture et de disposition des versets et donc des pages.


Chaque page de ces exemplaires contient 15 lignes. Aussi, aucun verset n’est coupé d’une page à l’autre.
Ces versions sont validées par le Royaume d’Arabie comme étant des copies ne contenant aucune erreur.
En effet, certaines copies répandues dans le monde peuvent contenir des erreurs d’impression.
Dans les deux versions de Médine, la police d’écriture utilisée est la Uthmani.
Une mode actuelle consiste à choisir un mushaf qui sort de la norme, comme le fait de choisir une copie égyptienne ou pakistanaise pour quelqu’un résidant en France.
Cette tendance fait suite au fait que de nombreuses boutiques se sont mises à proposer à la vente des copies étrangères aux lecteurs.
Or, ce n’est pas forcément le plus judicieux car cette recherche d’originalité (peut-être non louable), n’aidera pas le lecteur si cela sort de ce qui est habituellement répandu.
Voici un exemple avec la copie égyptienne de sourate Al-عAlaq.
On remarque nettement la différence avec les versions de Médine. La présentation de la page ainsi que la police peuvent rendre difficile la lecture.
Et à ce propos, tu dois te demander comment faire si je ne connais pas la règles de psalmodie (tajwîd) ? T’en fais pas, on y vient.

4. Avec ou sans couleurs de tajwîd ?
Allâhou Aعlam, le musulman saura mieux ce qui est meilleur pour lui.
Mais il n’y a pas de mal à se procurer un Qur’an avec les couleurs de tajwîd (dit mulawwan). Les différentes couleurs peuvent aider à mieux appréhender les règles de lecture.
Voici en image les deux exemplaires de Médine, toujours avec le début de sourate Al-عAlaq, l’un avec les couleurs de tajwid et l’autre sans afin que tu puisses te faire une idée.


Nous voyons que la version avec tajwîd se base sur la version classique de Médine (1405 h) dont nous avons parlé.
Que préfères-tu ? Avec ou sans couleurs de tajwîd ? Pour t’aider à te décider, réponds aux questions suivantes :
Est-ce que les couleurs t’aident à visualiser ma page ? Est-ce que tu vois les couleurs lorsque tu récites ma page?
Peut-être qu’un mushaf tajwîd sera le meilleur dans cette situation en tout cas à tes débuts, et même peut-être sur le long terme.
Au contraire, est-ce que ça fait beaucoup d’informations quand tu veux apprendre ? Est-ce que tu connais déjà les règles de tajwîd ?
Dans ce cas, peut-être le mieux sera de passer à un mushaf classique en noir et blanc.
Petite note :
Il n’y a pas de mal à commencer avec la version colorée pour ensuite passer à une version en noir et blanc puisque l’on trouve la même écriture pour les deux.
Donc, si tu as un mushaf tajwîd, et que tu souhaites te procurer la version en noir, le mieux sera de partir sur l’ancienne version de Médine (datant de 1405 de l’hégire) pour garder la même configuration.
Désormais, il ne reste plus qu’une dernière interrogation : quelle taille prendre ?
5. Le bon format du mushaf
La taille du mushaf joue également un rôle primordial, surtout dans le cadre de l’apprentissage.
Comme pour les couleurs de tajwîd, il y a des avantages à utiliser un grand ou un petit mushaf. En voici quelques exemples :
Un grand mushaf te permettra de :
- Voir clairement sans forcer avec tes yeux ;
- Le poser devant toi en prière afin de regarder lors d’un oubli sans être gêné par la distance ;
- Avoir assez de place pour noter sur des post-it les remarques faites par ton enseignant ou des rappels concernant l’exégèse.
Un mushaf petit à moyen te permettra de :
- Le prendre partout avec toi : une bonne pochette pour le protéger et il se glissera facilement ;
- Avoir une vue d’ensemble de la page plus facilement qu’avec un grand exemplaire pour ceux qui ont une bonne mémoire visuelle ;
- Hacker ton cerveau et lui faire penser que la page est plus simple à apprendre en raison de sa petite taille ;
Je conseille de prendre le même exemplaire en 2 tailles différentes afin de réunir entre tous ces bénéfices, mais attention au modèle, il doit être le même, seule la taille varie.
Quelques cas particuliers…
Pour les malvoyants et les
illettrés qui n’arrivent pas à
apprendre à lire (handicap,
vieillesse…), un autre type de
mushaf est possible, il s’agit
du Qur’an électronique.

Cet article prend fin. Nous espérons qu’il t’a plu et qu’il t’a permis ou te permettra de faire un choix éclairé.
Pour résumer, nous te conseillons :
- un mushaf tout en arabe ;
- si tu ne comprends pas l’arabe, un tafsir traduit des éditions tawbah ;
- la version de Médine (1405) en police Uthmani (que ce soit l’ancienne ou la nouvelle) ;
- si tu es débutant, commencer avec la version tajwîd en couleur ;
- une taille normale et une taille petite pour l’emporter facilement ;
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